Je ne l'avais que peu connu. Pourtant, je sentais quelque chose en moi qui me rapprochait de lui, et ce, jour après jour.
Un mois plus tôt, j'avais reçu un appel, disant qu'une de mes connaissances avait eu un accident de la route. Je pensais alors que c'était quelque chose de classique.
On m'avait dit qu'il été en scooter accompagné de son ami, tard dans la nuit. Ils roulaient tous les deux en appréciant le vent qui leur était offert. Leur dernière soirée entre amis...
Puis le drame.
Son scooter avait percuté une voiture qui voulait tourner à gauche, sans prendre la peine d'indiquer son changement de direction. Ils furent percutés de plein fouet, alors que leur vitesse était stable.
Ma connaissance avais reçu le guidons en pleins thorax, ce qui avait causé de lourds dégâts. Son ami n'avait eu que la jambe cassée, ce qui était quelque choses de réparable.
Ce n'était pas le cas du conducteur.
Ils furent transportés directement à l'hôpital. Je n'avais appris cette nouvelle que le lendemain, tout comme leurs parents.
Je me disais au début qu'il allait s'en sortir, espérant.
Les jours se suivaient, et je remarquais que quelque choses d'étrange m'était arrivé.
Je ressentais une sensation, une sensation qui était présente en permanence au dessus de ma tête, comme si le petit morceau d'une âme était venu s'y installer.
Celle-ci fut plus forte de jour en jour.
Ma connaissance avait par la suite presque perdu l'usage du poumon gauche, et heureusement,l'autre n'avait rien. Mais une importante hémorragie interne s'était aussi déclarée.
Il fut placé dans un coma artificiel, la douleur semblant trop difficile à supporter pour lui, aux yeux des docteurs. Ils ne pouvaient pourtant pas comprendre ce qu'il ressentait à l'intérieur de lui.
Les docteurs continuaient à le surveiller de jour en jour, tout comme sa famille, et certains restaient même une journée entière à ses cotés. Ils espéraient qu'une bonne nouvelle allait rassurer leurs inquiétudes...
J'étais au courant de tout ce qui se passait au jour le jour.
Une semaine plus tard
Son poumon gauche allait un petit peu mieux. Et bien évidement, ils avaient stoppé son hémorragie.
Les médecins pensaient qu'il était temps de le réveiller, mais il fut très agité. En effet, il ne savait pas ce qui se passait, et ne réalisait pas ce qu'il s'était produit, même après les explications de sa famille.
Il ne réussit pas à tenir une journée réveillé et les médecins avaient décidé de le rendormir à nouveau. Encore une fois entre la vie et la mort, planant dans un vide à deux couleurs.
Deux semaines plus tard.
Il fut à nouveau réveillé. Mais une autre hémorragie s'était déclenchée et il hurlait d'agonie, tout en demandant à sortir de l'hôpital.
Cette prison était infernale, le rendant fou petit à petit.
Pour la troisième fois, il fût replacé dans un sommeil artificiel. C'était la dernière fois que les couleurs miroitantes de la vie avaient tinté ses yeux.
Ses parents et le reste de sa famille étaient à cran, et peu à peu, ils s'énervèrent sur les médecins et sur tous ceux qui s'occupaient de lui.
Tous voulaient des réponses qu'ils avaient déjà sous leurs yeux. Ils ne pouvaient rien faire à part attendre à côté du lit de mort de leur fils.
La sensation que je ressentais fut encore plus présente, et contrôlait mes pensées. Je rêvais de cet accident chaque nuit. Je le revoyais encore et encore se dérouler, alors que je n'avais pas été présent.
Je me demandais alors si il voulait me transmettre un message, ou me parler. Me dire quelque chose dans son coma artificiel.
Pourtant, je l'avais pas connu tant que ça. Étais-je son seul espoir pour communiquer?
Trois semaines se sont maintenant écoulées.
Son état était toujours le même, les dégâts provoqués par son hémorragie persistaient et son poumon gauche ne fonctionnait presque plus.
Sa famille voulait lui parler à tout prix, mais les médecins étaient contraints de leur refuser cette requête. Les risques d’aggraver son état étaient trop importants.
De plus, les docteurs leurs avaient demandé une autorisation pour l'opérer du poumon afin de le remplacer par un nouveau, et ce choix lança un débat de quelques jours entre les membres de sa famille.
L'opération s'était bien passée.
Mais ils remarquèrent qu'elle avait aussi aggravé les répercussions de son hémorragie.
Puis quatre semaines.
Ses parents étaient de plus en plus inquiets, rongés par le doute et la peur.
Quand aux médecins, ils perdaient peu à peu espoir pour ce jeune homme.
A ce moment là, la sensation au dessus de ma tête était constante, et beaucoup plus claire qu'auparavant. Je présentais que quelque chose allait se produire, quelque chose qui mettrait un terme à sa vie.
Ce fut le cas.
Cinq semaines, enfin.
Le personnel soignant avait encore une fois demandé de pratiquer une autre opération, pour tenter de contrer les effets de l'hémorragie une bonne fois pour toute.
Cette décision fut prise rapidement... malheureusement.
Car la mort l'avait frappé à cette occasion.
Pendant l'opération, l'un des docteurs avait oublié de lui ouvrir ce petit morceau de peau au niveau de la gorge, pour qu'il respire avec le tuyaux.
Il fut mort en quelques minutes.
J'appris cela un matin. Bizarrement, aucune sensation ne me vint à ce moment là. J'eus un simple choc.
Le lendemain, j'ai remarqué que cette sensation avait disparu... pour toujours elle aussi.