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23 septembre 2013 1 23 /09 /septembre /2013 07:42

-Bonjour Monsieur Tenant. Vous êtes ponctuel ! Entrez je vous prie.
-Merci Monsieur.
-S'il vous plaît, pas de ça avec moi. Je suis peut-être votre psychiatre, mais appelez-moi Jean.
-Comme vous voudrez, Jean.
-Voilà qui est mieux. Maintenant, s'il vous plaît, allongez-vous sur ce canapé. Cela vous gêne-t-il si je prends des notes de votre récit ?
-Absolument pas Jean.
-Bien. Installez-vous confortablement. Je ne veux pas que vous soyez intimidé. Vous ne passerez pas pour un menteur, et encore moins pour un fou. Je suis là pour vous aider. Prenez votre temps, et lorsque vous serez prêt, racontez-moi ce qui vous a amené ici.
-Hum, alors... euh. Je ne sais pas par où commencer.
-Prenez votre temps. Je ne suis pas là pour vous juger. Ne vous inquiétez pas. Je ne vous interromprais pas. Nous avons tout le temps qu'il nous faut. Qu'il *vous* faut.
-Donc, ça s'est passé il y a quelques semaines.. Je suis photographe amateur. J'aime prendre en photo tout ce qui représente la beauté, la mélancolie, la tristesse. Ce genre de choses. J'avais entendu parler d'une maison abandonnée, au 9 Avenue des Roses. Alors...
-Pardonnez-moi, Alphonse... Mais je connais cette maison, et elle a été terminée l'année dernière. Comment pourrait-elle être abandonnée ?
-J'y viendrais, si cela ne vous dérange pas.
-Pas le moins du monde. Continuez je vous prie.
-Donc... Ah, oui. J'ai alors décidé d'aller la voir. J'ai enquêté un peu sur cette maison, et j'ai découvert qu'une famille habitait là. Il aurait perdu la tête et tué sa femme et son enfant avant de se tuer. Personne ne sait pourquoi. La police a juste découvert du sang partout sur les murs, et le cadavre du père. Ceux de sa femme et de son enfant n'ont jamais été retrouvés.

Donc j'ai décidé d'aller là-bas. La maison était sublime. Et son aspect abandonné lui donnait une touche de tristesse que je recherchait. Bien sûr la maison était fermée. Mais j'ai grimpé par-dessus la clôture et je suis allé dans le jardin. Des fleurs et des herbes hautes avaient poussées un peu partout. J'ai pris quelques photos avant de remarquer quelque chose d'intéressant. Une magnifique statue d'un ange se tenait au fond de la cour. L'ange avait la tête dans les mains, comme si il pleurait le triste passé de cette maison. Je n'ai pas pu m'empêcher de prendre plusieurs photos.
Alors que je partait, je me suis retourné une dernière fois vers la maison. Et là, derrière une vitre, j'ai vu une inscription inscrite sur un mur. J'ai donc une nouvelle fois escaladé la clôture et je suis retourné dans le jardin. L'inscription était marquée en lettres rouges sur le papier peint défraîchit. J'ai mis quelques secondes avant de parvenir à déchiffrer ce qu'il était écrit. "L'ange". Je me suis retourné vers la statue. Elle n'avait rien d'anormal. J'ai regardé une nouvelle fois à travers la fenêtre. Il n'y avait pas d'autre inscriptions. Seul "L'ange" était marqué. Je me suis alors dit que c'était le père de la famille qui habitait ici qui l'avait marqué. Mais pourquoi ? Que venait faire la statue d'un ange dans une histoire de meurtre ?
Je sentis une goutte tomber sur ma joue. Il commençait à pleuvoir. J'ai donc couru jusqu'à ma voiture et je suis rentré chez moi.

Arrivé chez moi, j'ai développé les photos. Et j'ai remarqué quelque chose d'anormal. Il y avait quatre photos qui représentaient la clôture en fer rouillé, ainsi qu'un peu d'herbe en bas. J'ai mis quelques instants à me rappeler que c'étaient les photos de l'ange. Pourquoi n'apparaissait-il pas ?
Lorsque je suis allé me coucher, la maison de l'Avenue des Roses me trottait dans la tête. Je me posait des questions sur l'ange et sur l'histoire de cette maison. Cela avait tellement piqué ma curiosité que je décidais d'y retourner le lendemain.

Le lendemain, donc, je suis retourné à cette maison, en apportant une lampe torche et un appareil photo numérique. Euh, excusez-moi. C'est un appareil photo munis d'un petit écran qui affiche les photos qu'on a pris. En fait il n'y a pas de pellicule, mais une carte mémoire.. Bref.
Je me suis garé devant la maison. La première chose que j'ai remarqué était que les grilles étaient ouvertes. C'était sûrement quelqu'un qui les avait ouvertes, mais pourtant j'avais la désagréable impression que quelqu'un... ou "quelque chose", m'invitait à entrer. J'ai sortis l'appareil photo de ma sacoche. J'ai pénétré à l'intérieur de la cour. Je me demandais si la porte d'entrée était ouverte, mais ma curiosité était plus forte et je suis allé vérifier la statue de l'ange.

Je sais que ça a l'air fou, s'il vous plaît, ne vous moquez pas de moi...
-Je n'en avait pas l'intention, Alphonse. Continuez.
-Alors je suis allé voir la statue... Et je me suis rendu compte qu'elle avait bougée d'au moins deux mètres. En tout cas elle était plus à gauche de l'endroit où elle était la veille. Elle se couvrait toujours les yeux. J'ai pris une photo d'elle. J'ai regardé l'écran de l'appareil photo, il n'y avait pas l'ange, juste le jardin. Du coin de l’œil, j'ai cru que la statue avait changée. Je l'ai regardé, mais en réalité elle était toujours dans la même position. J'étais sûrement parano...
En tout cas, je suis revenu sur mes pas, et j'ai poussé la porte d'entrée. Elle s'est ouverte, mais ça me surprenais pas vraiment. L'intérieur de la maison était poussiéreux et décrépit. Et il faisait sombre aussi. J'ai allumé ma lampe torche. Je me rappelle plus très bien de l'intérieur, mais c'était vraiment glauque. Il y avait des traces rouges sombres partout dans le salon. Quand je pense qu'une famille a vécu ici... Ça me fait encore frissonner.. Après quelques minutes à fouiller un peu partout, j'ai marché sur un petit journal. Je l'ai emporté avec moi, si vous voulez.
-Bien sûr, allez-y.
-Hum... Voilà, c'est là. Donc j'ai ouvert le journal, je l'ai feuilleté jusqu'à trouver un mot qui m'a interpellé.
-Quel était ce mot ?
-Ange. Encore une fois. Permettez-moi de vous lire ce passage.

"Aujourd'hui, j'ai trouvé mon fils en train de jouer devant la fenêtre qui donne sur le jardin. Il se couvrait les yeux, attendait, puis regardait par la fenêtre. Quand je lui ait demandé ce qu'il faisait, il m'a répondu qu'il jouait avec la statue de l'ange qui pleure. J'ai regardé par la fenêtre : la statue de l'ange était bien là, dans le jardin, toujours au même endroit. Elle n'a pas bougé. Elle était déjà là lorsqu'on a acheté la maison. Je me demandais comment mon fils pouvait bien jouer avec ça.
Et c'est alors que ça c'est produit.
Enfin, je ne sais pas exactement ce qu'il s'est passé. J'ai à peine cligné des yeux pendant que mon fils se couvrait une nouvelle fois le visage. Mais dès que j'ai rouvert les yeux, l'ange me regardait. Il avait levé la tête ! La statue a bougée ! C'est impossible !
Mais pourtant ça c'est passé... J'ai encore cligné des yeux, et elle se remit le visage dans les mains.
"

A cet instant, je me suis arrêté de lire et je suis allé voir la statue par la fenêtre. Et là... Vous n'imaginez pas à quel point j'ai eu peur. La statue avait levé la tête et me regardait. J'ai reculé, j'ai failli trébucher, et j'ai tourné le dos à la fenêtre pour me précipiter dans la chambre. Je m'y suis enfermé du mieux que j'ai pu. J'ai attendu quelques minutes pour me calmer, puis j'ai continué ma lecture.
Alors, où c'était... Ah, oui, voilà.

"Ma femme et mon fils étaient dans le jardin. Elle lisait et il jouait au ballon, dos à la statue. Je les regardaient à travers la fenêtre, j'étais heureux de les voir si joyeux...
Et j'ai cligné des yeux.
Ils avaient disparus. La balle rebondit jusqu'à la clôture, et le livre que Sylvie lisait était tombé sur le banc. C'était comme si... Ils n'avaient jamais existé. Et alors, avec stupeur, j'ai remarqué que l'ange me regardait. Ce qui me terrifia par-dessus tout était le fait qu'il souriait.
J'ai couru me réfugier dans ma chambre et je n'en suis pas sorti de la journée.

J'essaie de dormir. Mais je vois son visage. Partout. Dans ma tête, à travers la fenêtre... A travers toutes les fenêtres. Je suis allé dans la chambre d'invités, à l'étage. Là encore, l'ange m'observait à travers la fenêtre. Tout lâche que j'étais – et que je suis encore – je me suis réfugié une nouvelle fois sous les couvertures. Je suis sûr que l'ange n'est pas seul. Il doit y en avoir d'autres. Alors, vous qui lisez ceci, retenez bien : Les Anges Pleureurs sont partout. Évitez les moindres statues. Je ne sais pas ce qu'ils veulent, ni ce qu'ils ont fait à ma femme et mon fils, et encore moins pourquoi ils le font... Mais je m'en moque. Je veux revoir Sylvie... Et mon petit Valentin...
"

Le journal s'arrête ici. Je pense qu'il s'est suicidé ensuite. Il voulait échapper à l'Ange Pleureur, puisque c'est ainsi qu'il le nomme. Pour l'écriture rouge sombre sur le mur, je crois que c'était de la peinture. J'en ai retrouvé un pot dans le salon, et en visitant la maison je me suis rendu compte qu'ils étaient en train de repeindre la chambre de l'enfant.
Mon cœur s'est remis à battre à cent à l'heure après cette lecture. J'ai levé les yeux vers la fenêtre de la chambre. Les volets étaient fermés, mais pas complètement. Plutôt entrouverts, vous voyez ? Et l'ange se tenait là, il me regardait à travers la fenêtre.
J'ai paniqué. J'ai ouvert la porte à coup d'épaule et j'ai tenté de sortir. Mais la porte c'était fermée ! Vous ne comprenez pas, et je doit vous avouer que moi non plus. J'étais enfermé dans la maison. J'ai couru à l'étage, pour me réfugier dans la chambre de l'enfant. J'ai entendu la porte d'entrée claquer, comme si quelqu'un était rentré puis avait refermé la porte. Même paniqué, la curiosité dominait. Je suis allé sur le pallier. J'ai failli tomber à la renverse : la statue de l'Ange Pleureur était juste devant la porte, il tendait les bras comme si il voulait m’attraper.
Et c'est là que j'ai fait une erreur. Je me suis retourné pour fermer la porte. Mais je n'en ai pas eu le temps. Je suis tombé sur le sol. J'ai senti une brise sur ma joue : j'étais à l'extérieur. J'ai ouvert les yeux et je me suis relevé. L'ange avait disparu, et la maison aussi. En fait, j'étais toujours au même endroit. Mais je me suis rendu compte que... ça me semble tellement absurde à dire.. Je me suis rendu compte que l'Ange m'avait envoyé dans le passé.
Ça fait un an, désormais, monsieur... Euh, pardon, Jean. Ça fait un an. Il y a un an, j'étais en 2013, et désormais je suis en 1960.

-Vous pensez donc venir du futur, Alphonse ?
-Non ! Non, je viens du futur ! J'ai gardé l'appareil photo dans ma sacoche, si vous voulez voir. Le tout premier appareil photo numérique apparaîtra dans quinze ans !
-Soit. Mais et cet ange ? Qu'est-il devenu ?
-Je ne sais pas Jean. Je frissonne rien qu'à l'idée de savoir que cette maison est en train d'être construite, et que l'ange doit sûrement déjà y être... Et que lorsque je serais vieux, en 2013, au même moment, je serais aussi dans cette maison en train d'être pris au piège par l'ange.
Le propriétaire du carnet a raison, Jean. Les anges sont partout.
-Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
-Le buste de votre bureau, derrière vous, n'a pas arrêté de changer d'expression depuis que j'ai commencé à parler.

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commentaires

J
SUPERBE !! Surtout sur le thème des Anges Pleureurs dans Doctor Who. <br /> Ça donne envie de voir une suite !! <br /> Bonne continuation !!<br /> XOXO
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K
Connu mais gg si c toi qui la ecrite
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C
Merci, c'est bien moi l'auteur, même si je pense pas qu'elle soit connue x)
A
C'est génial de voir qu'il y a des fans de Doctorale Who ici! Cette histoire est ma préférée (sur ce site) maintenant! Bravo!! C'était génial
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T
C'est GÉ-NIA-LI-SSI-ME ! Bel hommage à Docteur Who et ses anges pleureurs. J'adore et c'est super bien rédigé ! BRAVO Cekuriel !
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C
Merci beaucoup :D
L
Haha belle façon de rendre hommage à sans doutes le(s) meilleur(s) épisodes de Doctor Who et à David Tennant! Les Anges pleureurs sont vraiment les créatures les plus effrayantes de la série et tu restes tout de même fidèle à l'histoire de base mais ton scénario est très intéressant ! Bien joué !
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